Le 12 novembre journée internationale de la pneumonie

Le 12 novembre journée internationale de la pneumonie

par Mme Danielle Bousquet, Député française, Membre de la Commission des affaires étrangères

Saviez-vous qu’un enfant meurt toutes les 20 secondes des suites d’une pneumonie, la maladie la plus meurtrière chez les enfants de moins de cinq ans dans les pays en développement? Plus de 1,5 million d’enfants succombent chaque année à la pneumonie, soit plus que n’importe quelle autre maladie. Pour ma part, je suis forcée d’admettre que je l’ignorais jusqu’à peu car c’est une maladie dont on parle peu, une grande oubliée.

Pour la première fois dans l’histoire, les vaccins contre la principale cause de pneumonie sont administrés pratiquement en même temps aux enfants des pays en développement et à ceux des pays riches. Il fallait autrefois entre 10 et 15 ans pour qu’un nouveau vaccin parvienne aux pays en développement. Rien qu’en 2011, les vaccins anti-pneumococciques de nouvelle génération ont été introduits dans 15 pays: du jamais vu auparavant. Le déploiement de ces vaccins dans les pays en développement, qui a débuté en décembre 2010 au Nicaragua, a été rendu possible grâce au soutien d’un certain nombre de pays donateurs, parmi lesquels on compte la France. Il s’agit à mon sens d’un investissement pertinent, peu coûteux et efficace au regard du nombre de vies sauvées. Nous ne le rappellerons jamais assez: la vaccination permet de réduire considérablement le nombre de décès. Ce constat vaut dans notre pays, mais surtout dans les pays en développement, où les systèmes de santé demeurent des plus fragiles.

C’est la raison pour laquelle j’ai choisi de me mobiliser à l’occasion de la Journée mondiale contre la pneumonie, célébrée le 12 novembre en vous invitant à en faire autant.

Cette journée est l’occasion d’encourager les gouvernements à soutenir les mesures visant à combattre la pneumonie, notamment par l’administration de vaccins qui contribuent à éviter des millions de décès parmi les enfants. L’occasion également de mettre en avant les progrès accomplis dans l’introduction rapide de nouveaux vaccins pour lutter contre ce fléau: aucun enfant ne devrait mourir d’une maladie que nous savons prévenir. Encore moins dans les parties du monde où nous ne saurons pas la guérir. Or 98,5 % de ces décès surviennent dans les pays en développement.

Et nous savons bien que les décès ne sont que la partie visible de l’iceberg: en Afrique, près d’un quart des enfants qui contractent et survivent à une méningite à pneumocoques, la variante la plus grave des méningites dites «bactériennes», souffre de maladies chroniques: crises d’épilepsie, déficience auditive, mentale et motrice, qui les empêcheront d’avoir une vie autonome et causeront un fardeau supplémentaire sur leurs familles.

Chez les individus les plus vulnérables tels que les enfants séropositifs, le risque de contracter cette infection serait jusqu’à 40 fois plus élevé que chez les enfants séronégatifs. La pneumonie est l’infection la plus courante entraînant l’hospitalisation chez les enfants séropositifs.

La vaccination permettrait de prévenir 80% des infections à pneumocoques chez les enfants vaccinés. Selon un rapport conjoint de l’Organisation mondiale de la santé et de l’UNICEF publié en 2009, l’objectif du millénaire n°4 qui vise à réduire de deux tiers la mortalité infantile d’ici 2015 ne pourra être atteint sans précisément un effort accru visant à réduire le nombre de décès dus à la pneumonie.

Les vaccins constituent un élément essentiel des stratégies de santé qui peuvent sauver la vie d’enfants atteints de pneumonie. D’autres interventions comprennent l’allaitement maternel, la nutrition améliorée, la lutte contre la pollution de l’air intérieur et l’utilisation restreinte des antibiotiques.

La prévention de la pneumonie par la vaccination demeure toutefois la plus efficace dans ces pays: elle contribue au bien-être des familles et des communautés, mais aussi à la croissance économique. Pour y parvenir, il importe de mobiliser le plus grand nombre. C’est ce que fait l’Alliance mondiale pour les vaccins et l’immunisation (GAVI), une alliance mondiale qui repose sur l’expertise de chacun de ses partenaires: l’UNICEF, l’OMS et la Banque mondiale.

GAVI finance déjà l’introduction de ce vaccin dans les programmes de vaccination de routine de 16 pays, et bientôt 18 autres pays bénéficieront d’un soutien similaire. L’administration de vaccins anti-pneumococciques de nouvelle génération a même déjà débuté au Kenya, en Sierra Leone, au Yémen, en République démocratique du Congo, au Mali, en République centrafricaine, en Gambie, au Bénin, au Cameroun, au Rwanda, au Burundi et en Ethiopie. GAVI prévoit de vacciner 90 millions d’enfants contre les infections à pneumocoques d’ici 2015 dans 58 pays.

Encore faudrait-t-il que les gouvernements tiennent leurs engagements et financent les programmes envisagés… Tel est l’objet de mon appel, en tant que députée, relayé par nombre d’entre nous, parlementaires du Nord et du Sud, pour faire de notre devoir de solidarité une réalité. Le sort de millions d’enfants est entre nos mains.

Parce que les enfants des pays en développement ont le droit de recevoir les mêmes vaccins que les enfants des pays riches, parce que toute personne a le droit de jouir d’une bonne santé, où qu’elle naisse, je vous invite à vous mobiliser afin que nos voix soient entendues et que le droit des enfants à la santé soit respecté dans les faits.

 

Danielle Bousquet is a French Parliamentarian, member of the Foreign Affairs commission at the National Assembly. She is vice-President of the National Assembly delegation to women rights and gender equality. Originally posted at http://www.daniellebousquet.fr/article/articleview/1077/1/277/

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